Comment aider une émotion à compléter son cycle
- Apr 8, 2024
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Les émotions ont un cycle de vie. Certains articles sur le sujet suggèrent qu’il faut environ 90 secondes à une émotion pour émerger, atteindre son paroxysme, et se dissiper. Dans la pratique, c’est souvent différent. Si une émotion émerge mais est refoulée, son cycle de vie est interrompu et elle restera logée dans le système nerveux jusqu’à ce qu’une opportunité se présente d’émerger à nouveau et de compléter son cycle.

Réprimer ou refouler?
Faisons d’abord la distinction entre réprimer une émotion, et refouler une émotion.
Réprimer une émotion : cela signifie empêcher l’émotion de s’exprimer. Il s’agit d’un mécanisme conscient. Vous ressentez l’émotion, et vous choisissez consciemment de ne pas l’exprimer pour des raisons stratégiques. Peut-être parce que ce n’est pas socialement bien vu. Dans ce cas, l’émotion peut compléter son cycle naturel : elle émerge, elle est ressentie et reconnue, elle atteint son paroxysme d’intensité et elle se dissipe.
Par exemple, votre employeur vous fait des reproches devant vos collègues et vous ressentez de la colère. Vous êtes conscient de votre colère, mais vous choisissez de garder votre sang froid et prenez le temps de réfléchir à une manière d’aborder le sujet avec votre patron à un moment ultérieur.
Refouler une émotion : cela signifie faire refluer l’émotion. Il s’agit d’un mécanisme inconscient, souvent appris dans l’enfance. L’émotion émerge, mais est refoulée avant d’être ressentie. Vous n’êtes pas conscient de l’émotion, et elle ne peut pas compléter son cycle. Elle est refoulée dans le système nerveux.
Par exemple, lorsque vous étiez enfant, vous étiez puni chaque fois que vous tentiez d’extérioriser de la colère. Vous avez inconsciemment conclu que pour maintenir l’affection de vos parents, vous ne pouviez pas donner lieu à de la colère. À l’âge adulte, vous n’êtes jamais en colère. Mais vous observez que vos frontières personnelles sont souvent violées, et vous avez tendance à sacrifier vos besoins pour ceux des autres. Vous êtes souvent triste et déprimé. Ces émotions de surface cachent la vraie émotion sous-jacente, qui est inconsciemment refoulée.
Les émotions refoulées s’accompagnent souvent de l’émotion de la peur. Pourquoi? Parce qu’elles ont été refoulées en raison de la formation d’une croyance que cela était nécessaire pour notre survie, notre protection ou notre bien-être.
Dans l’exemple ci-dessus, la colère refoulée s’accompagnera de la croyance que ressentir de la colère signifie 1) une punition et 2) perdre l’affection de personnes chères. Il faudra donc faire face à ces peurs pour libérer la colère refoulée.
Patience et compassion pour soi sont deux éléments essentiels pour aider les émotions refoulées à compléter leur cycle de vie, car elles émergeront aussi avec des peurs internalisées, et cela est inconfortable et peut être effrayant, même si le résultat est une meilleure santé et un meilleur équilibre.
Comment découvrir nos émotions refoulées : les déclencheurs émotionnels
Pour découvrir vos émotions refoulées, soyez attentifs à vos déclencheurs émotionnels.
Les circonstances de la vie vous aideront à découvrir vos émotions refoulées.
Par exemple. Vous portez un chandail bleu au travail, et vous entendez un collègue dire qu’il n’aime pas le bleu. Vous vous sentez soudainement envahi par la honte et la colère. Vous ne comprenez pas pourquoi, et les émotions sont très intenses. Cela est un indice que quelque chose, dans cette situation, vous a déclenché émotionnellement. Cette information est utile et vous pouvez prendre une note mentale de méditer sur cet événement pour révéler ce qui se passe en vous.
Aider une émotion à compléter son cycle de vie
Pour qu’une émotion refoulée puisse être libérée du système nerveux, il faut qu’elle émerge, qu’elle soit ressentie pleinement jusqu’à son paroxysme (ressentie dans le corps, en restant en contact avec les sensations physiques) afin de permettre à notre expérience d’être intégrée, ce qui restore le sentiment d’être entier.
Pour faciliter la circulation des émotions, il faut apprendre à augmenter sa capacité à demeurer présent lorsque des sensations inconfortables émergent. Au début, la peur peut être tellement intense que si tôt que l’émotion refoulée tente d’émerger, on ressent une montée d’anxiété, on panique, on devient agité et on opte pour des comportements compensatoires (manger, se tenir occuper, etc.)
Avec la pratique et la régulation du système nerveux, on peut s’entraîner à demeurer présent, même lorsqu’une émotion refoulée émerge.
Méditation sur les déclencheurs émotionnels, ou… comment s’entraîner à demeurer présent !
Lorsqu’il se passe quelque chose en vous et que vous vous sentez émotionnel, prenez une pause.
Cultivez la capacité à maintenir votre attention à deux endroits simultanément:
À l’intérieur de vous :
sur l’émotion que vous ressentez
sur les sensations physiques qui émergent avec l’émotion
sur votre respiration
À l’extérieur de vous :
sur la sensation du sol
sur les sons
sur les odeurs
sur ce que vous voyez (si vous décidez de garder les yeux ouverts)
L’orientation EXTERNE est ce qui aide à vous rappeler que vous êtes en sécurité, et que vous pouvez vous donner la permission de ressentir les émotions qui émergent, y compris la peur.
3. Nommez l’émotion ressentie.
4. Restez présent à vous-même, sans tentez de modifier l’expérience. N’essayez pas de vous distraire, ne modifiez pas votre respiration.
5. Observez les impulsions de comportements compensatoires qui émergent pour vous distraire de l’émotion : ressentez-vous l’impulsion de manger? De vous occuper?
6. Observez, l’émotion atteindre son paroxysme, augmenter en intensité puis se dissiper.
7. Une fois l’émotion dissipée, prenez soin de vous. Choisissez une stratégie qui vous aide à restaurer le calme et vous fait du bien : écoutez de la musique, bercez-vous, utilisez des huiles essentielles, demandez à quelqu’un de vous faire un câlin, allez marcher, etc.
Quand notre capacité et notre résilience sont limités
Il est recommandé de s’entraîner petit à petit à demeurer présent à soi et à ses sensations physiques avec toutes les émotions que nous ressentons au quotidien.
La capacité à ressentir, et la résilience, augmentent avec le temps et avec la pratique régulière. De la même façon que l’on peut entraîner le corps physique au gym et l’aider à devenir plus fort et plus résilient, on peut entraîner le corps émotionnel de telle sorte qu’il soit plus fort et plus résilient. Aven le temps, on peut ressentir des émotions très intenses, mais garder son sang-froid au cœur de la tempête sans refouler nos vraies émotions. Mais au début, c’est difficile. Il y aura peut-être des moments où vous vous sentirez incapables parce que la peur est trop intense et l’anxiété prend le dessus. Dans ce cas, tournez vos sens vers l’extérieur et réorientez-vous dans votre environnement. Regarder les formes et les couleurs, détecter les odeurs, écoutez les sons, sentez la fermeté du sol, etc. La pratique d’orientation détourne notre attention loin de notre monde intérieur, vers le monde extérieur. Cela aide à restaurer un sentiment de sécurité en se concentrant sur des aspects tangibles de notre réalité.
Accompagnement
Si l’émotion et la peur qui l’accompagne sont très intenses, il peut être utile d’avoir une personne pour vous accompagner. Le rôle de la personne est simplement d’être présente avec vous. La présence rassurante d’une autre personne peut faire toute la différence et nous aider à avoir confiance, à se sentir en sécurité et avoir du courage.
Pour aller plus loin
Les émotions refoulées sont souvent en lien avec des mouvements refoulés de force vitale. Par exemple, la peur refoulée peut avoir été refoulée avec un mouvement de force vitale de FUIR ou de contre-attaquer. Gardez à l’esprit que les émotions ont une composante SOMATIQUE, c’est-à-dire que leur énergie est logée dans le corps.
Si vous voulez allez plus loin dans votre exploration, ajoutez une composante somatique (de mouvement) à votre observation de l’émotion.
Par exemple, si vous observez de la peur, et que vous avez la sensation que cette peur s’accompagne du désir de fuir, voyez ce qui se passe si vous vous couchez sur le dos sur votre tapis de yoga, et faites bouger vos jambes comme pour ‘fuir’. Est-ce le cela aide à dissiper l’émotion? Est-ce que cela vous calme? Est-ce que cela vous donne la sensation de ‘complétude’? Les réponses à ces questions varient d’une personne à l’autre et d’une situation à l’autre. Mais cela vaut la peine de l’explorer et de voir ce qui se passe pour vous.
Une fois que le mouvement est complété et que les sensations physiques et l’émotion se sont transformées, prenez un temps de pause pour demeurer présent à vous-même et à votre expérience avec compassion. Par exemple, mettez votre main sur votre cœur pour créer une sensation de présence réconfortante et aider le système nerveux à se calibrer vers son centre.
Le bonus!
Si vous avez besoin de motivation pour faire de l’entraînement émotionnel, sachez ceci : nous avons tous des comportements compensatoires lorsque nous sommes stressés et anxieux (trop manger, boire, se noyer dans le travail, etc.). Plus vous augmentez votre résilience émotionnelle, et que vous vous entraîner à OBSERVER les émotions et les impulsions de comportements compensatoire émerger SANS RÉAGIR, plus ils s’amenuisent, jusqu’à éventuellement disparaître. OUI! Vous n’avez pas besoin de vous sentir coupable de trop manger quand vous êtes stressé et d’essayer de contrôler vos comportements compensatoires. Entraînez-vous plutôt à la résilience émotionnelle, libérez votre système nerveux des émotions refoulées, et vos comportements compensatoires vont disparaître d’eux-mêmes. Bonne exploration ! 💜
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